Planches contact

Planches contact, traduit du suédois par Martin Högström et Luc Bénazet, se compose de trois chapitres intitulés « 75 exemples », « Le Photographe/Auteur » et « Tout pourri et […] et pauvre et les ressources ».

Beata Berggren est une poète de notre temps et de notre monde abîmé. Or, écrire dans un tel monde nécessite l’invention de nouvelles poétiques. Par exemple, en déployant une écriture économe, prosaïque, composée de phrases simples ou de courts paragraphes juxtaposés. Mieux encore, en prenant le parti du matériau trouvé. « Rien n’a été inventé » écrit l’autrice pour désigner le texte que nous avons sous les yeux, comme un vœu de pauvreté. Il s’agit donc de faire fonds sur ce qui existe déjà, notamment des photographies, en en proposant des descriptions aussi littérales que possible. (La théorie de cette forme de description est donnée dans le chapitre central du livre intitulé « Le Photographe/Auteur »). Ou bien encore : prendre pour modèle de description la statuaire, vue au musée ou à travers des reproductions. L’homogénéité entre ces matériaux trouvés sera produite par l’immobilité des scènes ou l’inertie des sculptures décrites, autant que par la minéralité : thème prégnant du livre.

Il y a du déjà-là qu’il faut exploiter, à la façon dont on recyclerait des ressources. Ce travail de recyclage, qui n’exclut pas les formes vernaculaires, emporte avec lui l’idée d’une collection de singularités. Ainsi de la « planche contact » chez le photographe argentique. L’item est nommé par Beata Berggren « exemple ». La collection d’exemples un travail de rassemblement, de langage, de fragments, de restes, d’autres, d’associations et de contextures pour inventer l’unité – notons que le mot « un » est le premier et le dernier mot du livre.

Toutefois, il y a une contradiction inhérente au montage de la collection. Le mouvement qui lie repousse également ses éléments. Comme un kaléidoscope, il casse, corrompt et disjoint le langage et les images qui sont à l’œuvre, dans une volonté de démontrer la grammaire changeante du monde. « Il n’y a pas de phrases inacceptables, seulement des mondes impossibles » écrit la poète écossaise Veronica Forrest Thomson.

Planches contact de Beata Berggren, 2025, 14 x 22 cm, 40 p., isbn : 978−2−917786−99−4

traduit par Martin Högström et Luc Bénazet
2025
14 x 22 cm, 40 p., 10 €
978−2−917786−99−4

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