Philippe Grand

Né en 1960, Philippe Grand est l’auteur d’un texte continu, comportant plus d’un millier de pages écrites entre 1984 et 2013. Ce texte s’est décomposé au cours de sa rédaction en huit séquences : NOUURE – publié aujourd’hui sous le titre [Nouure] (1984−1989 / 2009) –, Tas II (1989−1992), Tas III (1992−1995), Tas IV (1996−1997), Tas V (1997−1998), Tas VI (1999) et Fantaisies comprenant entre autres chapitres Tas VIII et Tas IX (1999−2002). L’écriture s’est achevée en 2013 dans un ensemble intitulé Jusqu’au cerveau personnel. Une Table des Matières : TDM, reprenant à la date de septembre 2008 la totalité des incipits de ce texte continué pendant 30 ans, a paru chez Éric Pesty Éditeur en 2009.

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Indécidablement effet et cause de la difficulté singulière à publier, ce qui caractérise la démarche d’écriture de Philippe Grand est la radicalité de sa visée, autant que la forme qu’y prend l’expérience d’écrire. À cet égard, si l’auteur fait sien le désir de Flaubert d’écrire « un livre sur rien », « sans attaches extérieures » (. TAS . p. 142), il en assume les conséquences les plus extrêmes. Texte littéralement sans objet, l’appréhension du rien est le thème obsédant de l’écriture des Tas ; et l’écriture elle-même, le moyen de conduire, asymptotiquement, vers cette fin. Obéissant aux règles de l’autocritique la plus intransigeante – écriture essentiellement réflexive, qui s’interroge en progressant, se met en question en se développant, toujours prête à retourner au néant sur le fond duquel elle s’arrache – le texte peut alors s’identifier, en ses replis mêmes, à la nervure ou arête d’un « écrit sans dimension ».

Cependant, le principe de réalité est tel qu’un écrit de cette teneur ne saurait non plus rester inédit : « J’ai appris qu’à moins d’inventer pour lui-même une autre forme d’existence (…), un écrit sans dimension doit accepter avec le regard d’autrui son propre morcellement, son sens (quoi : intime ? réel ? non littéraire ?) dût-il en pâtir.
« Des segments, il en est en zoologie qui vivent quoique séparés des autres fort longtemps parce que la coupure n’a pas endommagé la structure : le système reste complet.
« Premier livre, Tas IV fut en 1999 un premier segment, et de cette sorte je crois, vivant. Issu de la division en tas d’un plus épais dont la durée et le refus de composer étaient les seuls architectes, il garde son titre original, où le chiffre, pour servir à la compréhension de l’objet comme un morceau, à la fois autorisait l’amputation-publier et raisonnait le membre séparé de la peur de paraître un tout.
« Le présent livre [. TAS .] est un segment encore, plus complémentaire que supplémentaire (…), où les tas V et VI sont soudés au III. Au non-choix du titre (tas, singulier et pluriel) ont présidé l’esprit de suite et cette règle : comme artifice rien que le livre lui-même, rien que l’abrupt de ses bords, rien que le simulacre d’une fin et d’un commencement. » (Extrait de la 4ème de couverture de . TAS .)

De fait, si la publication a d’abord été vécue, selon les propos de l’auteur, comme amputation d’un corps textuel ininterrompu, cette amputation est aujourd’hui acceptée et accueillie comme accident du texte lui-même. Les livres issus de cette « opération » sont Tas IV(Ivrea, 1999), . TAS . (Horlieu éditions, 2004), Tas II (Éric Pesty Éditeur, 2006), Fantaisies (Héros-Limite, 2011), [Nouure] (Éric Pesty Éditeur, 2015) et Jusqu’au cerveau personnel (Héros-Limite, 2015).

Chez d’autres éditeurs :

Dernière mise à jour 2015
    • Tas IV, Ivrea, 1999
    • . TAS . (comprenant Tas III, V et VI), Horlieu éditions, 2004
    • Sous un nœud de paroles et de choses*, collection particulière/Fage éditions, 2009
    • Fantaisies, Héros-Limite, 2011
    • Jusqu’au cerveau personnel, Héros-Limite, 2015

    (Extrait de la page 16 de Tas II)



    (Extrait de la page 16 de Tas II)