Tu (maniériste)

Tu (maniériste) est – aussi lucidement que courageusement – le renversement d’une « manière de taire » à travers la lecture de Gesualdo de Lyn Hejinian (paru en français dans la traduction de Martin Richet, Éric Pesty Éditeur 2009) dont Marie-louise Chapelle propose ici une réécriture homosyntaxique.

Or si la parution de Gesulado, en 1978 aux États-Unis, offre aux poètes l=a=n=g=u=a=g=e et aux tenants de la New Sentence un modèle de style coupé, adéquat à la fois au contexte poétique et théorique de l’époque, mais également, et singulièrement, au maniérisme dissonant du compositeur italien (1566−1613) ; Marie-louise Chapelle se donne, par son travail sur le Gesualdo de Lyn Hejinian, les moyens de franchir une nouvelle étape dans sa poétique, et de mettre à jour la dimension hypothétiquement maniériste de son travail d’écriture, comme semble l’indiquer la première citation en italique du texte, page 10.

Ainsi retrouvera-t-on, dans ce livre, la préoccupation rectrice du vers qui sourd de la forme apparente de paragraphes (que l’on qualifiera dès lors plus adéquatement de « strophes ») – vers qui se détachent par des majuscules et des espaces blanches – ; mais également la préoccupation du dédoublement, de la réduplication ou de la division (toutes opérations impliquant singulièrement le chiffre 2), qui avait irradié Prononcé second, puisque chaque strophe s’avère posséder ici systématiquement deux versions différentes (parfois opposées terme à terme, cf p. 22 – 23 où apparaissent en outre les noms de Hejinian et de Gesualdo).

Mais surtout : Tu (maniériste) est, en dehors de toute préoccupation formelle, l’expression d’une bouleversante passion amoureuse (où affleurent sans doute des éléments autobiographiques). C’est le sens, empreint de pudeur, de la deuxième citation en italique du texte, page 31.

 

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