Funérailles

Funérailles s’ouvre sur un emprunt à Sanctuaire de William Faulkner : une description en négatif et en pied de son héroïne prénommée Temple, à laquelle fera écho une seconde description de jeune femme, plus proche de la Temple originale, à la toute fin de ce récit bref.

Le narrateur (je) se rend au cimetière du Kremlin-Bicêtre (le « sanctuaire ») pour accomplir ses devoirs filiaux et croise tour à tour deux groupes de visiteurs : le premier, conduit par la jeune femme du début, se rend sur la tombe d’une de ses amies morte la veille de ses noces ; le second constitue le cortège de l’enterrement d’une vénérable militante communiste d’origine russe. Leur rencontre incongrue amène à la chute du récit, littéralement. Au sortir du cimetière, le narrateur se tord la cheville et réussit à se rétablir in extremis, provoquant la moquerie de trois jeunes filles témoins de ce faux-pas. « Vous avez manqué tomber, Monsieur, je vous ai vu » dit l’une d’elles – dont la physionomie, la gaieté et l’insolence rappellent cette fois, mot pour mot, la Temple de Faulkner.

Le narrateur de conclure : « et c’est pour moi comme si cette gaieté, cette insolence, lançaient sur l’Amour [la future mariée] et sur la Cité Juste [la vieille militante communiste] une ultime et insouciante pelletée de terre. »