Poème

Éric Pesty Éditeur accueille, sous couverture de relais en janvier 2025, les cent derniers exemplaires de Poème de Roger Giroux, livre publié par le Théâtre Typographique en 2007 dans une édition de Jean Daive.

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« Prenons le dernier mot de THÉÂTRE. Ou plutôt prenons les quatre dernières lettres, majuscules, de THÉÂTRE en bas à droite de la page et regardons le livre depuis cette perspective inversée : L, A, C et S ou lacs ou lacs, prononcer lâ.

« Dans la partie supérieure de la page, comme à chaque page de cette section du livre, en place fixe, un rectangle est dessiné. Quatre segment de texte sont placé au-dessus, à l’intérieur et au-dessous de ce rectangle, de sorte qu’en lisant, l’oeil qui va d’un fragment de texte à l’autre, traversant le blanc qui les sépare, entre dans ce rectangle et en ressort, parcourt de haut en bas, déporté vers la droite, toute la page : espace / ou bien l’espace / ou bien / LACS. Très peu de mots, c’est peu de le dire, se répètent et se recombinent. Extrême raréfaction (même vis-à-vis des autres pages de THÉÂTRE) sans laquelle cela serait proprement illisible.

« Ici, l’S a quitté la hauteur qu’il gardait encore aux deux premières pages de la section éponyme, la sixième du livre, et rejoint le LAC tout en bas, qu’il toisait alors de l’autre bout de la diagonale d’une double page – pour venir marquer un pluriel ? Ce serait bien maigre pour une lettre omniprésente dans le livre.

« “EST-CE, est-ce, S, ?, la question est répétée, multipliée et fragmentée, mise en exergue ou recentrée dans la page, dessinée, cadrée et mise en miroir et ce dessin lui-même repris agrandi – autant de métamorphoses d’une relation, JE face à la série des CELA, CETTE, VOICI que renverse la question est-ce. Mais renversez-là à son tour (de la façon dont RIEN se renverse en NIER et X en X) et la question cessera, c’est ce (ou c’S), ouvrant par le coup d’arrêt brusque d’une évidence, par une chute que dessine une longue ligne verticale suivant à peu de distance le pli entre les deux pages, la douzième section du livre. »

(Pascal Poyet, extrait de « Prenons le dernier mot »,
dans le Cahier Critique de Poésie n°15,
dossier double consacré à Roger Giroux et Maurice Roche,
centre international de poésie Marseille, 2008).