Bénédicte Vilgrain est née en 1959. Elle crée le Théâtre Typographique en 1984, dans une cour d'immeuble, sur une presse à
épreuve. Elle y imprime des livres à tirage limité d'assez grands formats, marqués par son intérêt pour les littératures orales
d'Asie et d'Afrique, et l'anthropologie. Elle est rejointe par Bernard Rival en 1988 ; leur collaboration depuis lors a
constitué la maison d'édition précieuse et exigeante que nous connaissons
aujourd'hui : http://thty.fr/
Entre 1981 et 1991, Bénédicte Vilgrain étudie le tibétain, dans l'espoir explique-t-elle « d'établir un Wortschatz, un vocabulaire
où chaque mot recensé aurait été traité comme la clef d'usages diversifiés, métaphoriques, évoqués dans des proverbes.
Mais la langue tibétaine est un medium aussi éloigné de la langue française qu'un rêve peut l'être de son interprétation
discursive. » (Abigail Lang, « L'interprétation des raves, Lecture de Bénédicte Vilgrain », dans les Intensifs, poètes du XXI° siècle,
Critique n°735-736, août-septembre 2008.)
Depuis 2001, Bénédicte Vilgrain a décidé de « ranger », pour que rien ne se perde, son vocabulaire dans une « Grammaire », établie
sur le modèle classique de la Grammaire de Thonmi Sombhota (VII° siècle), où chaque articulation phonologique de base de la langue
tibétaine fait l'objet, sous l'aspect d'une strophe en vers de sept syllabes nommée śloka, d'un développement grammatical et phonétique.
Ainsi, à propos de la sixième lettre suffixe – motif du dixième chapitre, intitulé bČu, que
nous publions aujourd'hui – et qui indique peut-être la place de ce chapitre dans l'oeuvre de Bénédicte Vilgrain –, ce śloka de Thonmi Sombhota :
« La sixième, censée relier ce qu'on série...
Ainsi, faisons suivre les dix lettres suffixes
de la sixième, on aura relié ce qu'on avait sérié. »
À propos de ce chapitre dix et de la place centrale qu'y occupe Gendun Čhöp'el (1903-1951), nous renvoyons notre lecteur au Bulletin n°13.